Au joly jeu...
(Clément Janequin)
Au joly jeu du pousse avant il fait
bon jouer.
L'aultrier m'aloye esbaloyer,
Je rencontray la belle au corps gent,
Soubzriant doucement, la vois baiser.
Elle en fait doute,
Mais je la boute,
Laissez trut avant.
Au joly jeu du pousse avant il fait
bon jouer.
Pour ung reffuz me fault laisser
Propos luy tins amoureusement,
Soubzriant doulcement, la vois baiser.
Elle riotte,
Dance sans note,
Laissez trut avant.
Au joly jeu du pousse avant il fait bon jouer.
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Ung mari se voulant coucher
(Clément Janequin)
Ung mari se voulant coucher
Avecques sa femme nouvelle
S'en vint tout bellement cacher
Ung gros maillet en la ruelle.
"Hélas, mon amy, ce dist elle,
Quel maillet vous voys je empoigner".
"C'est, ce dist il, pour mieulx coigner".
'J'ay, se dict elle, ung peu vescu
Mais coup de maillet n'ay oncq eu.
Quand gros Jean me vient besoigner
Il ne me coigne que du cul".
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La meusniere de Vernon...
(Clément Janequin)
La meusniere de Vernon,
Tire tire tire ton don don don don
Elle est mignonne et gorriere,
Et si elle est, ce dit on,
Tire tire tire ton don don don don
De bien aymer coustumiere.
Un jour tout a l'environ
Tire tire tire ton don don don don
D'une saulsaye et riviere
Un beau jeune compaignon
Tire tire tire ton don don don don
D'amour luy fit la prière.
Lors la baisant le mignon
Tire tire tire ton don don don don
Se print à luy faire chere
Puis s'assit en son giron
Tire tire tire ton don don don don
De, bonne grace et maniere.
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Martin menoit son pourceau...
(Clément Janequin)
Martin menoit son pourceau au
marché,
Avec Alix qui en la plaine grande
Pria Martin de faire le péché
De l'ung sur l'aultre, et Martin luy demande :
"Et qui tiendroit nostre pourceau, friande ?"
"Qui, dist Alix, bon remede il y a".
Lors le pourceau à sa jambe lya.
Et Martin juche qui lourdement engaine.
Le porc eut peur et Alix s'escria :
"Serre Martin, nostre pourceau m'entraine". 
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Du Beau Tétin...
(Clément Janequin)
Tétin refaict plus blanc
qu'ung uf
Tétin de satin blanc tout neuf,
Tétin qui faict honte a la rose,
Tétin plus beau que nulle chose
Tétin dur, non pas tétin, voire,
Mais petite boule d'ivoire,
Au meillieu duquel est assise
Une fraise ou une cerise,
Que l'on ne voit ne touche aussy,
Mais je gaige qu'il est ainsi :
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne bouge,
Soit pour venir soit pour aller,
Soit pour courir ou pour baller,
Tétin gauche, tétin mignon,
Tétin loing de son compaignon,
Tétin qui porte tesmongnaige
Du demourant du personnaige,
Tétin qui faict venir à maintz
Ung grand désir dedens les mains
De te taster, de te tenir,
Mais il s'en fault bien contenir
D'en approcher, bon gré ma vie,
Car il en viendroit aultre envye.
Tétin ny grand ny petit,
Tétin menu et d'appétit,
Tétin qui nuyt et jour criez
"Mariez moy tost, mariez"
A bon droit heureux l'on dira
Celluy qui de laict t'emplira,
Faisant de tétin de pucelle
Tétin de femme entière et belle.
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Dont vient cela...
(Claudin de Sermisy)
Dont vient cela, belle, je vous
supply,
Que plus à moy ne vous recommandez ?
Tousjours seray de tristesse remply,
Jusques a tant qu'au vray me le mandez.
Je croy que plus d'amy ne demandez.
Ou maulvais bruyt de moy on vous revelle
Ou vostre cur a fait amour nouvelle.
Si vous laissez d'amour le train
joly,
Vostre beauté prisonniere rendez ;
Si pour autruy m'avez mis en oubly,
Dieu vous y doint le bien que pretendez
Mais si de mal en rien m'apprehendez,
Je veulx qu'autant que vous me semblez belle,
D'autant ou plus vous me soyez rebelle.
Secourez moy...
(Claudin de Sermisy)

Secourez moy, ma dame par
amours,
Ou autrement la mort me vient querir,
Aultre que vous ne peult donner secours
A mon las cur, lequel (pour vous) s 'en va mourir.
Hélas, hélas, venez tost secourir
Celuy qui vit pour vous en grande tristesse,
Car de son cur vous estes la maistresse.
Si par aymer et souffrir nuictz et
jours,
L'amy dessert ce qu'il vient requerir,
Dictes pourquoy faictes si longs sejours
A me donner ce que tant veulx cherir ?
O noble cueur, laisserez vous perir
Vostre servant par faulte de liesse ?
Je croy qu'en vous n'a point tant de rudesse.
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L'amour, la mort et la vie...
(Clément Janequin)
L'amour, la mort et la vie
Me tourmentent a toute heure.
De me laysser ont envye
Et veullent que j'y demeure.
Quand je veulx rire je pleure
Du feu d'amour qui s'avive
La vie veult que je meure
Et la mort veult que je vive.
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La, la, maistre Pierre...
(Claudin de Sermisy)
La, la, maistre Pierre, la, la,
beuvons don.
En revenant de Nanterre
Je m'assis sur une pierre,
Aupres de moy le flascon.
Pour éviter le caterre,
A ce flascon fait la guerre
En mengeant d'ung gras jambon.
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